Le Champ des Clefs

Voici la Cour de France :

De vieux singes blancs assis

Sur quelques coussins rouges

Rêvant tout éveillés

Que le monde est à eux.

Ces messieurs sont l’élite de notre nation

Ces messieurs parlent bien, ces messieurs parlent fort

Ils disent « démocratie », ils vivent « élections »

Mais non. Messieurs, vous avez tort.

Et pire encore : vous mentez.
« égalité » ? Vous mentez.
« Fraternité » ? Vous mentez.
« Sécurité » ? Vous mentez !

Y a pas d’élite, aucun mérite, votre ambition est trop petite

Cuiller d’argent entre les dents, langue de bois et cœur de pierre

Golems sans idéaux qui vous moquez de la misère

Petits soldats de plomb

Au service des grands patrons

Couvrez les actionnaires, quitte à faire brûler le torchon

Vous aimez le silence, car le silence est d’or

Mais il n’y a que vous que le pognon étouffe encore

Vous entendez ? ça crie dehors

On a bien dû vous dire de vous méfier de l’eau qui dort

On en peut plus d’se voir croupir sous les ponts

On s’laissera plus glisser sur l’ivoire de vos tours

On veut pas qu’nos enfants soient gouvernés par des vautours

Nous, on se lève la nuit, pour préparer le jour

Où vos chiens policiers vous mettront enfin en prison

Rois d’opérette, vos couronnes

Font ployer vos têtes bouffonnes

Vos joues sont bouffies d’opulence

Vous vous gavez jour après jour sur le dos de la France

Fantômes d’humains, le drap qui vous cache

Trahit les crimes perpétrés par vos mains qui le tâchent

Il faut bien qu’on le sache :

Vous êtes des lâches

Jamais vous ne tombez le masque, il faut qu’on vous l’arrache

Vous nous avez appris qu’il n’y a qu’un possible

Pour mieux tuer dans l’œuf nos envies de meilleur.
Nous vous avons laissé prendre nos cœurs pour cibles

Mais toujours plus nombreux, nous réparons l’erreur

Vous les mâcheurs d’espoir qui complotiez la nuit,

Le réveil a sonné, et l’espoir est en marche.

L’avenir appartient aux foules qui se soulèvent.