l'Appel
Vous, les enfants sordides
Vous, les abandonnés, les tus
Les tués
Vous que seule la rue reconnaît
Vous, fleurs du trottoir
Âmes du bitume
Vous que l'ombre dévore
Vous que le soleil fuit
Vous qu'on promet aux abysses
Vous qui portez le nom de Honte
De Monstre
Vous qui êtes haïs
Puisqu'on vous refuse le jour,
Soyez le peuple de la nuit
Laissez le vent et la lumière
Pour de plus ténébreux vertiges
Puisqu'on vous refuse les astres,
Allumez vos propres flambeaux
Et portez-les aux nues
Dressez la tête
Et rejoignez ma Cour
Où rien n'est impossible
Où rien n'est anormal
Ma Cour des Miracles
Vous serez des Reines et des Rois
Des amants, des époux
Des fils et des filles
Et vous avancerez enfin sans masque
Venez à moi, mes enfants chéris
Car mon cœur embrasse l'Infini
Venez à moi, qui vous engendrai
Comme j'engendrai le Monde
Je suis l'orfèvre de ce qui vit
Je pulse dans chaque organisme
Je suis les tensions qui habitent l'être
Et je suis l'éternel néant
Je suis Eros et Tanathos
Le visible et l'insaisissable
Je suis la Sainte Pécheresse
Et mon royaume est vôtre.
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