Le Champ des Clefs

Le Champ des Clefs

la Sirène

C'était un jeune gars

Plein d'aplomb, plein de vie

il avait l'assurance et la joie de son âge

C'était un solide gars

Un fort bien beau parti

toutes les filles et leurs mères le voulaient en mariage

Comme gendre ou mari

toutes elles rêvaient de lui

 

Mais nulle ne lui plaisait ;

Il ne connaissait qu'elle

Il plongeait dans ses yeux aux couleurs d'océan

Dans les sables d'estran

A genoux devant elle

S'enivrait de son corps salé et de son chant

Comme d'autres se pendent

au goulot des bouteilles

 

Toujours il lui disait

Les mots que dit l'amour

Brûlait de la rejoindre au plus profond des eaux

Impuissant maudissait

son terrestre séjour

Mais elle tournait vers lui, s'éloignant dans les flots

Le plus doux des regards

D'espoir et d'implorance

 

Il a volé l'anneau

Que chérissait sa soeur

Un bel anneau d'argent bordé d'enluminures

Il l'a jeté dans l'eau

en même temps que son coeur

Pour que sa belle ondine s'en fasse une parure

L'anneau brille à son doigt

Et le coeur à son cou

 

Et il l'a épousée

Par une nuit d'orage

Les nuées déversaient des torrents de malheur

Et la mer démontée

En funestes présages

Répandait ses écumes et ses embruns amers

Mais il s'est enfoncé

Dans les tourbillons glauques

 

Il lui tendait les bras

Elle lui a pris les mains

Elle a étreint celui qui tant la désirait

Elle était froide et pâle

Comme un poisson marin

Il a voulu s'enfuir, mais le mal était fait

Quand il a suffoqué

L'épousée souriait.



15/04/2014
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