Le Champ des Clefs

Le Champ des Clefs

les Douleurs Romantiques

Tu sais, il y a ce grand bouillonnement intérieur, celui qui fait bondir le cœur et l'esprit, celui qui fait respirer plus vite et plus fort, un tumulte d'envie, les idées qui viennent et qui s'échappent, comme des poissons dans ta mer intérieure. Toi, tu n'as qu'une envie, te mettre nu et plonger en toi, te nourrir de tout ça, avaler les poissons et les digérer, en tirer la moelle et te changer en énergie pure, en énergie positive, créatrice. Tu veux créer des mondes, et emmener les autres sur tes chemins, parce que putain, tu sens que quelque part, tu pourrais. Tu sens que quelque part, tu te dois bien ça, parce que c'est dans ta nature. En toi il y a une folie, des champs en friche, des matériaux, et tout ça ne demande qu'à naître pêle-mêle, sous une forme ou sous une autre, mais naître, oui ! De tous les côtés, comme une grande plante bien verte qui ne sait pas si elle en est simplement à germer, ou déjà à te sortir des vrilles par les oreilles et des racines par les yeux.

 

Mais voilà, ça se passe jamais comme on veut, va savoir pourquoi, en toi il y a des digues, des écluses, des barrages, tes poissons se prennent dans des filets perdus, se jettent sur les rivages reculés, se perdent dans les abysses. Toi tu gardes ton manteau, en te disant qu'il fait un peu frisquet, que tu verras bien demain, demain il fera bien plus jour qu'aujourd'hui, après tout, après tout... On a le temps.

 

Et ce putain de temps qui passe et qui ne fait rien. On se ronge les ongles en attendant que ça vienne, ou que ça se dissipe, au hasard, au petit bonheur, et voilà que tout se dilue dans un quotidien fruste, rien pour se distinguer, pas même une porte ouverte sur un coin du jardin fou. Et l'angoisse terrible que les petites feuilles meurent, étouffées dans leur boîte trop étroite en forme de caboche, sans jamais avoir vu la lumière. C'est ça, tes déprimes, tes angoisses et tes chaos. C'est ça, la jouissance quand tu y arrives enfin, même un peu. Quand tu parviens à jeter une petite tige dehors, petite bouture de pas grand chose, mais quand même. Petite lucarne sur l'univers qui te compose en dedans.

 

Tu es comme ça, fait d'un bois qui ne connaît pas la plénitude. Condamné à une errance sans fin sur tes chemins embroussaillés, ton destin suspendu à tes ardeurs, ton cœur dans tes propres mains, et ton âme nourrie par les yeux. Alors tu t'exhortes, sur tous les tons : « met-toi debout, et fais un pas ! »

 

Sans fin, sans fin...



15/04/2014
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