Le Champ des Clefs

Est-ce donc aujourd'hui que la page se tourne ?

Serait-ce donc ici que le chemin s'arrête ?

L'amère vérité m'a fauchée en plein rêve

Et les lames aiguës de la réalité

Me coupent

Pourtant rien n'est nouveau, nulle surprise ici

Et déjà par trois fois, le radeau a vibré

Sous les chocs écumants de rafales contraires

Mais tout se décantait dans mon sombre repaire.

Dans les eaux troubles de mes profondes abysses

les non-dits nous faisaient un petit nid douillet

Et les lents courants tièdes berçaient nos langueurs

Enivrée, je me suis enferrée dans de faux

Espoirs

Le réveil est brutal, et je suis cisaillée

Par des lames de fond la surface est crevée

Je me noierai dans le puits de ma solitude

Tandis que meurent enfin mes fantômes de joie

Païenne

Le scandaleux trésor que je gardais caché

Coule de mes iris, eau salée dans l'eau noire

Et maintenant, je crois qu'il n'est plus de retour

Car ma faille est enfreinte, ma prison fracturée

Et vue

Le poids était trop lourd, mon cœur a débordé

La pierre de l'annonce a brisé l'aquarium

Aux vitres embuées où tournoyaient mes mots ;

Ils n'ont pas été dits : ils ont été versés.