Le Champ des Clefs

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LGBTI

Que vous évoque le 17 mai ?

 

C'est un dimanche, cette année. Je me suis levée à dix heures et demie, et j'ai déjeuné d'un café au lait avec une tranche de fondant au chocolat. Il fait un temps radieux, le soleil brille entre les feuilles fraîchement éclatées de frais buissons fleuris, et le bleu du ciel s'émaille d'un blanc cotonneux. Une brise innocente joue dans l'herbe et l'eau frissonne. C'est la veille de mon deuxième anniversaire de mariage, et j'ai le coeur empli des souvenirs heureux de cette grande fête, qui a réuni dans un lieu adorable, la plupart des personnes qui comptent pour moi. Un jour de liesse !

 

Il faut dire que je suis vernie. En plus d'avoir toujours pu me reposer sur les membres de ma famille, sur de nombreux amis et sur des amoureux en or, j'ai la chance d'avoir pu vivre sans m'en cacher mes histoires d'amour, d'avoir pu célébrer notre mariage en 2012, et mon plus gros problème a été de décider si oui ou non, j'allais prendre le nom de mon mari (au final, non).

 

Quand j'étais au collège, j'avais une très bonne camarade, qui avait une très bonne amie. Jusqu'à ce qu'elle trouve le courage de lui déclarer sa flamme. Après ça, elle a surtout eu le privilège d'être une limace aux yeux de la personne qu'elle adorait.

On souffre tous de nos amours, au collège, me direz-vous. Mais nous ne vivons pas tous dans la peur que nos parents nous renient. Le jour où sa mère a appris, accidentellement, elle n'a pas jugé utile de la comprendre, de l'écouter, ou de la soutenir. Elle a préféré lui passer un savon. Parce qu'à douze ans sa fille était amoureuse.

Aux premiers âges, quand je prenais mon bain avec mon petit frère, et que nous comparions nos anatomies sous l'oeil bienveillant de notre mère, d'autres découvraient qu'on les avait mutilés à la naissance.

Lorsque mes grands-mères m'offraient de jolies robes et que j'étais contente de les porter, d'autres détestaient les déguisements quotidiens dont on les affublait et devaient déjà endurer la honte.

A l'époque où je faisais mes premières sorties avec des copines, d'autres se cachaient de tout et d'eux-même, persuadés d'être des monstres.

Au temps où je traînais des pieds pour aller en cours de gym, d'autres faisaient des crises d'angoisse à l'idée de se faire tabasser dans les vestiaires.

Quand je découvrais doucement la sexualité avec un copain de classe, d'autres soignaient leurs blessures.

La première fois où j'ai entendu parler de planning familial et de SOS homohobie, des personnes pas plus âgées que moi leur devaient déjà la vie.

A dix-neuf ans, je pleurais sur l'épaule de mes parents mon premier chagrin d'amour, alors que d'autres dormaient sur le trottoir.

 

Si je prenais un doliprane, je n'y voyais qu'un moyen de soigner mon mal de tête.

 

Si je prenais le métro, ça n'arrêtait jamais la ligne pendant deux heures.

 

Et si moi je me penchais à la fenêtre, c'était seulement pour profiter du ciel.

 

Le 17 mai, c'est la journée mondiale de lutte contre l'homophobie, la biphobie et la transphobie. Pour qu'un jour, les Lesbiennes, Gays, Bi, Trans', Intersexes et Asexuels puissent vivre leur vie, sans être contraints de faire de leur existence une militance. Et pour que le silence ne tue plus.  

 




17/05/2015
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