Le Champ des Clefs

Le Champ des Clefs

Salut au Vrai Mensonge

Je t'ai lue ce matin, sur mon mur, à moitié dans le gaz. Tu aimes ça hein, les murs bleus et blancs, qui offrent leur dos larges aux tags du tout-venant.

Petite vermine rupestre, malodorante, âcre raflésie, lierre rampant de la bêtise. Tu ne te caches même pas, va !

Tu te cries à la face du monde et tu plonges bien loin tes racines, dans le terreau fertile de la connerie.

Tu t'appelles racisme, extrême droite, xénophobie, islamophobie, et tu pousses le vice jusqu'à t'appeler Mohamed, pour mieux faire parler ton fantasme de sale méchant musulman.

 

Comment tu fais, dis, comment tu fais pour qu'on t'aime autant ?

 

Quelque part, je t'admirerais presque, de savoir aussi bien parler aux esprits pauvres.

En bon Mac Gyver de la manipulation, il te faut peu : deux ou trois mots du bon vocabulaire, une photo, juste de quoi faire mouche et te propager en un clic.

Et te voilà échouée sur ma plage, méduse flasque, et les crabes aveugles se prosternent devant toi.

Tu en profites, tu laisses venir, tu recrutes et tu traques, un peu plus de poudre dans leurs yeux en vrac.

Et moi je regarde ça, ébahie, je te vois à l'oeuvre et je n'y peux rien. J'ai la maladie du parler-vrai, j'ai l'indignation exubérante, j'ai la colère lente mais j'ai le sang chaud. Moi, je rage, je sermonne et je prouve, je secoue le cocotier de leur inconséquence, je leur agite sous les pieds ton corps empoisonné, mais c'est pas ça qu'il faudrait, non.

Moi j'ai pas ta finesse.

 

Comment tu fais, dis, comment tu fais pour qu'on t'aime autant ?

 

Mais finalement, c'est pas vraiment à toi que j'en veux. Tes petites combines, je les connais bien, ta subtilité n'est qu'une évidence bien grasse.

Je te vois, aussi discrète et amène qu'une limace sur une amanite, et je te crains autant. De toutes façons, ma semelle est plus grande que tes prétentions d'être.

Non, ce qui m'énerve, vois-tu, ce qui me retourne le bide et me fait perdre mes moyens, c'est qu'il se trouve autant de bacs à fleurs pleins de merde pour y planter tes boutures mesquines.

Et que tous ceux-là, ils n'ont rien d'une jeunesse hitlérienne ou d'un vieux facho nostalgique, penses-tu !

Ils ne ressemblent pas à l'icône du salopard, ni à l'image d'Epinal du demeuré congénital, du redneck bas du front, ou du vieux con.

Ce sont des gens comme tout le monde et ça, c'est terrifiant.

Comment tu fais, dis, comment tu fais pour qu'on t'aime autant ?  



15/04/2014
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